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Le Chemin des Grèves

Jusqu’au début de la seconde moitié du XIXème siècle, le Pays d’Auge était une région enclavée. Si une voie suivait la rive gauche de la Touques, elle était très mal entretenue. Les déplacements le long de la côte étaient encore plus problématiques.

Une voie était alors utilisée : le « Chemin des Grèves

Il permettait de se déplacer d’est en ouest, depuis Honfleur, (de la Porte de Caen, côté ouest de la Lieutenance), jusqu’à l’Hostellerie Guillaume le Conquérant, à Dives-sur-Mer.


la Porte de Caen de la Lieutenance à Honfleur


l'Auberge Guillaume le Conquérant à Dives


Du point de départ, prenons Honfleur, un convoi se formait, composé de diligences, cabriolets, charrois, cavaliers, piétons, accompagnés de troupeaux d’importance variable, composés de bovins, de porcins et autres caprinés. Un guide donnait le signal du départ et ouvrait le « chemin » dès le jusant (le reflux de la mer), en suivant la « laisse » de mer. Le convoi longeait ainsi Vasouy, Cricqueboeuf, Villerville, Hennequeville et Trouville. A Trouville, le « Chemin » obliquait pour emprunter l’actuelle rue de la Chapelle et rue Victor Hugo, pour atteindre la rive droite de la Touques. Le passage du gué est toujours existant, en amont de la poissonnerie de Trouville. Le passage s’effectuait selon la fortune de chacun : par une carriole, ou un porteur et au mieux en retroussant pantalons et robes, les chaussures autour du cou.

Sur la rive gauche de la Touques, à Deauville, le convoi se reformait, souvent avec de nouveaux voyageurs. Le départ était donné, avec le jusant, et le convoi longeait toujours le rivage, par les marais de Deauville, Tourgéville, Bénerville (la Garenne, puis la falaise), Blonville, où le cordon dunaire ourlait un vaste marais jusqu’à Villers ; puis les inquiétantes falaises des « Vaches noires » et enfin Beuzeval (par la suite Houlgate) et, arrivé sur la rive droite de l’estuaire de la Dives, le convoi prenait une voie qui menait à l’Auberge Guillaume le Conquérant à Dives.


La distance entre Deauville et Dives étant d’environ 14 km, le convoi se déplaçait à 4 ou 5 km/h, le parcours d’effectuait le temps d’une marée. Des chroniqueurs ont évoqué des périls ou des risques de périls, parfois de difficiles enlisements sur le sable mouillé, d’animaux échappés…

Mais enfin, des saints, des archanges, des Vierge Marie veillaient au salut de chacune et chacun le long du rivage ; les sanctuaires ou églises étaient pour la plupart visibles du rivage. De son jours, certains sont invisibles à cause d’urbanisation ou de la végétation.

Prenons ce « Chemin des Grèves» de Honfleur à Dives pour situer ces édifices : la Chapelle Saint-Firmin de l’Hôpital d’Honfleur, Saint-Germain de Vasouy, Saint-Georges de Pennedepie, Saint-Martin de Cricqueboeuf, Saint-Martin de Villerville, Saint-Michel d’Hennequeville, Notre-Dame de Pitié de Trouville, Saint-Laurent de Deauville, Saint-Christophe, patron des voyageurs, à Bénerville, Saint-Martin de Villers, Sainte-Barbe d’Auberville, Saint-Aubin d’Houlgate et enfin Saint-Sauveur de Dives.

Des personnages célèbres ont pris le Chemin des Grèves…

Le jeune roi Louis XIII et sa mère, la reine Anne d’Autriche (alors régente), étaient à Honfleur le 14 juillet 1620. Ils repartent le lendemain, par le Chemin des grèves, pour rejoindre les troupes royales qui assiégeaient le château de Caen. Le siège ne dura pas longtemps, la garnison ayant choisi une rapide reddition…

La marquise de Sévigné, en août 1689, partait de Trouville, pour faire étape et passer la nuit à l’Auberge Guillaume le Conquérant, à Dives. Mais il y a un hic : elle évoque bien les plantureux paysages, mais ne précise pas si elle a suivi le rivage entre Trouville et Dives…

En juin 1777, l’empereur d’Autriche, Joseph II, qui voyageait incognito en France aurait pris cette même voie périlleuse…

Serge G. SOCHON

novembre 2013

 

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